De retour de Madagascar, le voyage s’est bien passé sur l’île rouge . J’ai pourtant bien failli raté l’avion au départ de Paris car je suis arrivé à l’aéroport à 19h30 pour décoller à 19h40. Heureusement l’avion a finalement décollé avec 1h00 de retard. J’étais une nouvelle fois bien chargé avec 4 sacs (70 kg environ) dont des médicaments, des vêtements, des livres scolaires et des jouets (puzzles, lego…).Tout est passé en soute sans que l’on me fasse une remarque. Il faut dire que c’était un peu l’affolement ! Le départ avait lieu le jour du retour du week-end de l’ascension – dimanche 27/05/01 – et nombreux étaient les bouchons pour regagner la capitale. Pire que le 01/01/01 lorsque j’avais embarqué pour le Kenya. En débarquant à Tana, je n’ai aucun contact concret concernant les centres où je vais laisser les sacs. J’ai rencontré une Jacqueline dans l’avion qui fait dans l’humanitaire avec ses deniers personnels et elle m’a donné quelques contacts. Je pensais qu’elle m’attendrait à la sortie de l’avion car on venait la chercher. Si elle avait de la place, cela ne la gênait pas de m’emmener en ville ( aéroport à 14 km ). Je prends le visa à l’aéroport alors qu’elle l’avait pris au préalable au consulat. J’ai confirmé mon vol le mercredi précédent le départ et le jeudi était férié (ascension).Il me restait donc le seul jour ouvrable – vendredi – pour retirer mon visa mais comme il n’y a pas de consulat malgache à Strasbourg, je n’ai guère eu que le choix de le prendre à l’arrivée à Tana. Ce qui explique en partie que je sois sorti le dernier à l’immigration et aux douanes. Pour avoir tardé, je retrouve un carton ficelé éventré auquel j’avais attaché un paquet de couches qui a disparu. Je crois avoir vu quelqu’un se saisir de celui-ci alors que l’immigration me faisait patienter mais je n’ai pas réagi. On me propose de porter réclamation mais je n’y donne pas suite. Cela restera de la paperasserie et du temps perdu car je sais que je ne le récupérerai pas. Ce n’est pas tant pour la valeur du paquet que cela me chagrine mais pour ce qu’il représente en bien – être auprès des enfants qui auraient pu en bénéficier. Ce genre de petit confort est quelque chose de rare et d’inaccessible pour la plupart des endroits que je visite. Je me retrouve avec mes 4 sacs volumineux au beau milieu d’une nuée de chauffeurs qui veulent tous m’emmener. Frère Pedro, prêtre d’origine Argentine, dont on m’a recommandé l’action est celui qui revient le plus fréquemment dans la bouche des locaux. Il dispose même d’un site. Je ne le saurai que plus tard mais la douane aurait du m’empêcher de sortir avec tous ces effets humanitaires et les retenir avant que je n’aille chercher dans la capitale l’autorisation requise pour les sortir. J’ai de la chance ! Ceci pour éviter les reventes sur le marché noir et les trafics en tout genre. Ils confisquent également tous les produits laitiers ( lait, fromage…) en provenance de l’Europe sous le prétexte de la vache folle alors que l’on trouve les mêmes produits dans les supermarchés tels Cora, Auchan installés la-bas. Je m’éclipse du parking de l’aéroport et gagne la sortie de celui-ci. Hervé, maquettiste de bateaux, m’embarque et me dit qu’il connaît une famille d’accueil franco-suisse de 8 enfants. Je pense que c’est un bon moyen de rattraper un atterrissage laborieux. Je prends contact avec André et Marie-Laure qui viennent me chercher chez Hervé. Je répartis les médicaments pour un centre de santé, quelques livres et nous partons vers un orphelinat de 110 enfants pour y laisser une multitude de blouses scolaires et autres T-shirts, shorts… Sieste méritée – après 10h00 de vol non-stop - et la petite famille de 10 membres me propose de rester pour la nuit. Je fais une croix sur la capitale que je contourne par les digues pour rattraper la route plein sud qui conduit à Antsirabe. Un orphelinat (68 enfants ) ne manque de rien et est sponsorisé par une association belge tandis que les sœurs italiennes, un peu plus loin, nécessitent plus. Malgré le peu de médicaments que je lui laisse, sœur Jacinthe apprécie beaucoup le geste. Ce qui représente quand même une quantité non négligeable vu qu’elle en a peu. Elle est à pied d’œuvre au dispensaire et reçoit la multitude de personnes démunies qui attendent nombreuses dehors. La communauté est responsable aussi d’un centre d’adultes handicapés qui a besoin de fauteuils roulants. Mon voyage se poursuit en camion – stop jusqu’à Morondava où cette fois, c’est par l’intermédiaire du frère Celse – 51 ans qu’il est à Madagascar – que je délivre mes derniers médicaments au dispensaire – participation des patients dans la mesure du possible – et des effets vestimentaires au centre d’adultes handicapés tenus par les sœurs. Piste d’enfer où je m’élance et parcours à pied 60 km pendant une nuit et une journée. Couchage en forêt au pied d’un baobab sous la pleine lune. Le choléra a provoqué le décès d’une trentaine de personnes dans chaque village l’année dernière. L’hygiène de base à cause d’un manque d’éducation flagrante est quasi-inexistante et le manque de précautions liés à la manipulation d’ustensiles souillés favorisent la contamination. Baignade dans le fleuve et poule au riz avec le maire de Soeserana, infirmier de profession, avant de sauter dans un camion collectif alors que je venais de m’allonger dans l’école du village pour une nuit bien méritée. Je n’ai pas le choix car on est mercredi et je reprends l’avion lundi à Tana. C’est le premier véhicule qui passe depuis 4 jours et il reste 350 km de piste en très mauvais état jusqu’à Tuléar. La nuit sera infernale. Je sais que je ne dormirai pas et j’accepte qu’une tête repose sur chacune de mes épaules afin que mes voisins puissent récupérer un peu. De jour, ma voisine me confie son nouveau-né afin de pouvoir récupérer. 3 enfants l’accompagnent et son époux à l’air plutôt absent. Ils déménagent et à la descente du camion à Tuléar vers minuit, ils devront attendre sur place le départ dans l’après midi d’un autre véhicule pour Fort-Dauphin. 4 jours de voyage supplémentaires dans les mêmes conditions dures à décrire tant elles semblent inhumaines à supporter. Je n’ai pas eu le choix de faire ce trajet sinon je ratais l’avion retour. Quand tous les enfants en bas-âge se réveillent et piaillent, on se croirait dans un poulailler à l’aube d’un nouveau jour ! A Tuléar, je finis par rencontrer l’endroit idéal où je laisse ce qu’il me reste d’effets vestimentaires et de jeux ; un centre A.E.F - Aide à l’Enfance et à la Famille – tenu par un couple de pasteur malgache. Ce sont en fait 2 familles d’accueil avec 14 enfants chacune à charge. Leurs moyens sont très limités. Je les quitte dans l’après midi pour sortir du centre ville et remonter les 1000 km qui me sépare de la capitale d’où je m’envole après être repassé chez André et Marie-laure. Un camion Renault turbo très rapide m’emporte sur près de 700 km après que j’eus passé la nuit dans la ville Far-West artificielle de Jilaca où on cherche le saphir exploité par les Thaïs et les Sri lankais. D’Orly, je saisis l’occasion de remonter jusqu’au péage de Louviers avec un groupe d’adultes handicapés mentaux qui reviennent de Madagascar et qui sont aussi allés au centre de Morondava où j’ai mis les pieds. Le monde est bien petit ! En 2 voitures via le pont de Brotonne, je regagne mon nid normand et tire un trait sur ce voyage éprouvant. Au prochain ! A suivre…

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