La bouillie de maïs de nouveau à l'honneur : Un chauffeur qui se rend à Alto de Changane refuse que je le suive plus loin que Chibuto. Changane est le nom de la rivière la plus importante qui a donné son nom à la région et par extension à la langue locale. Deux commerçantes bien en chaires au volant d'un 4x4 aussi imposant qu'elles, me sortent de l'ornière, après avoir insister, pour me déposer en rase campagne mais elles m'avaient prévenu. La conductrice me montre du doigt la terrasse de sa maison qui peut m'héberger si je n'arrive pas à redécoller.
Je passe finalement la nuit chez un guérisseur (curandeiro en portugais ou sangoma en xhosa) qui opère tantôt au Mozambique dont il est originaire, tantôt en Afrique du Sud. Il a les moyens d'entretenir deux femmes qui ne sont pas expansives et est loin de ressembler à l'image que l'on peut se faire d'un marabout. Bien que les murs de la pièce où il reçoit soient garnis de peaux diverses, il doit faire preuve d'une efficacité redoutable, témoin son portable qu'il a payé 7000 Rands (740 Euros) il y a quatre ans sans compter ceux de ses conjointes qui ne sont pas logées au même niveau puisque l'un lui a coûté 1200 Rands (125 Euros) pour la première et l'autre 700 Rands (74 Euros) pour la seconde sans savoir laquelle est la mieux lotie.
En soirée, je goûte ma première bouillie de manioc, accompagnée d'une purée de feuilles de citrouille et d'un délicieux poisson en sauce dont j'arrose le plat, ce qui change singulièrement de celle du Lesotho faite à partir de maïs. Dans la matinée, la pluie me retenant, en attendant mon ange gardien parti faire un tour en camion dont il possède les clefs, il faut élargir ses compétences pour joindre les deux bouts, j'attribue des maillots de bain à des enfants qui se gambadent nus, ce qui a au moins l'avantage de leur coller une seconde peau, leur donner une chance de renaître et être couvert. Les garçons plus nombreux ont la chance d'être habillés en fille maillot une pièce, personne ne moufte et ils sont tellement enchantés qu’ils se mettent à jouer les rabatteurs en allant pêcher les petits copains. Cela leur sied bien, loin de les rendre ridicules et les rend heureux. Ma façon d'aborder les petits garçons n'est peut-être pas exempte de reproches mais je remarque qu'ils sont tous épatés au niveau des pieds, de véritables petits pétons plats de marcheurs à cinq ans qui n'ont jamais été chaussés et l'autre sexe, les petites filles dont j'ai la chance d'en habiller quelques unes, version maillot une pièce, ont aussi du poil aux pattes. Souvenir, souvenir de mes premiers amours, quelques réminiscences de Portugaises pas ensablées du tout mais qui avaient un système pileux développé qui frisait la masculinité.



Sorti du village de mon rebouteux, deux mozambicains employés par Mcel, la compagnie de téléphonie mobile dont le logo est peint sur la portière, ont du mal à m'embarquer et se montrent vraiment intéressés par ce qu'ils pourront tirer de mes poches. Sur un ton très jovial, je finis par les convaincre et les persuader que ce qu'ils ont de mieux à faire, c'est de m'embarquer gratis jusqu'à Maxixe - presque 300 km - où ils se rendent. Je n'ai pas le droit à la banquette arrière du pick-up mais à la caisse souillée de carburant du véhicule avec deux autres passagers imbibés à 43 degrés de Dry Gin bon marché, en témoigne la bouteille en plastique dans lequel est vendu le précieux breuvage. Je fulmine mais n'en veux pas à mes deux filous car je suis parvenu à mes fins ... en attendant qu'ils me déposent à Maxixe... à un coin de la place principale, un carré de verdure au milieu de la bourgade, sur laquelle Carlita, installée dans une caravane, tient une friterie comme en Belgique. Je laisse mes quatre sacs à ses soins à défaut de pouvoir soigner ses seins qu'un vilain Africain du Sud miroite, accoudé sur la plage arrière de la caravane, l'auvent rabattu servant de plan de travail dévoilant ses produits finis prêts à être livrés et ses promesses de jours meilleurs non né(né)s pour les clients dans l'attente.

La Sainte Famille m'accueille en soirée, tous assis / debout en fer à cheval dans une case de construction récente à l'intérieur impeccable, avec les deux pointes se rejoignant au bout et se resserrant autour d'un autel. Nous sommes autant de clous de prière plantés en arc de cercle attirés par l'élément adoré, le ciboire argenté ou l'aimant adulé, le christ magnifié. Parmi la petite dizaine de fidèles, deux des étudiants des deux sexes, consacrés ou qui risquent de donner leur vie à la mission christique, viennent me saluer en français. L'église a fondé une université l'UNISAF au coeur de la ville (www.sagrada-famiglia.it) et réhabilite un ancien motel de l'ère marxiste pour en faire un campus universitaire.



Vers 10h00, je peux finalement rencontrer chez lui, Félix le Congolais, le professeur de français de l'université. Avec toute sa petite famille, il m'invite à déjeuner. Je suis les informations d'un oeil distrait, le téléviseur dans ma ligne de mire. Quand je suis arrivé, il était en pleine discussion avec Cléophase, un prêtre congolais en charge du séminaire d'Inhambane et Maria, tous deux la quarantaine, étudiants à L'unisaf, l'un en sciences sociales et l'autre en anglais. Un ferry (10 Mts) permet de passer depuis Maxixe à Inhambane, "Terra de boa gente" nom donné par l'explorateur Vasco de Gama à la fin du 14ème siècle à la presqu'île et située de l'autre côté de la baie du même nom. Le fait que je sois sorti de chez Félix à 15h00 m'a retardé, Il est à peine 17h00 lorsque je rejoins le séminaire où je passe la soirée en compagnie de François, un autre missionnaire congolais qui vient d'arriver il y a 6 semaines. Comme il n'est pas à l'aise en portugais qu'il apprend, ni en anglais, nous n'avons d'autres solutions que de rester branché sur TV5, la seule chaîne francophone.

Le lendemain, je musarde en matinée dans la petite bourgade charmante, devenue comptoir portugais quarante ans après le passage de Vasco de Gama. Ils y ont laissé des traces visibles au niveau de l'architecture. Lorsque je passe la barrière de sécurité du parking de l'hôtel de luxe, la "casa do capitao", le gardien m'avise que je dois faire demi tour et revenir par le même chemin sinon cela risque de prêter à confusion et la caméra de surveillance ne va pas s'y retrouver. Un peu plus loin, sur le trottoir opposé, deux mosquées colorées, l'une ancienne aux murs délavés, à côte de l'université islamique et l'autre récente, peinte en verte, la couleur de l'Islam, au coin de deux rues. Deux vieilles carcasses en bois similaires à des poitrails de volailles désossées, barrent l'accès à toute remorque susceptible de descendre dans la baie et de mettre à l'eau une barque. A un carrefour, tandis que le pick-up marque l'arrêt, je demande s'il va à Tofo. Pari gagné pour 21 kilomètres de route mangée par les trous que le chauffeur n'en finit pas d'éviter. Une heure me suffit pour retirer des infos auprès de Peri-peri, un club de plongée et jeter sur le papier les noms des plages que je vais longer durant cette nuit de pleine lune. Je récupère mes sacs entreposés à la "casa de comer" tenu par Christophe Chazeaux, un Français fana de plongée qui s'est installé à Tofo il y a maintenant 13 ans et qui y vit avec toute sa petite tribu (www.terraprofunda.com). En quittant Tofo, une plage magnifique peu fréquentée, appelée à un développement rapide, je croise les pas d'une famille rouennaise qui vient d'y passer cinq jours + cinq jours à Villanculos + 3 j dans le Krûger = 13 j au total et il leur faut déjà penser au retour à la maison (demain en l'occurrence).

Agressé sur la plage à 3h00 de marche de Tofo : Dès que je sors sur la plage, je marche sur ce qui fut du récif corallien, autant dire que mes semelles en crêpe n'apprécient pas le traitement que je leur réserve. J'en suis le premier surpris et comprends qu'il ne suffit pas d'aller bien loin avec un masque et un tuba pour être émerveillé par les fonds marins. Après une dizaine de kilomètres et deux heures de marche, j'approche "Praia da rosche" où sur les hauteurs dunaires, de véritables palaces avec une vue imprenable sur le canal du Mozambique, sont en cours de construction. Je sonne chez le promoteur, un gars de White River, à côté du Krüger. Je regarde l'heure à son horloge, 19h10. Il me confirme que je peux continuer jusqu'à la "praia dos cocos", la distance étant la même que celle que je viens de parcourir. Je quitte avec regret ce cadre magnifique de résidences privées arborant des minis piscines pour redescendre fouler le sable et passer la bosse du chameau, le cordon dunaire entravant l'accès à la plage suivante.

A mi chemin, sur une petite falaise d'une dizaine de mètres, je remarque une ébauche de bâtiment, le corps de ce qui sera une bâtisse imposante. Je le dépasse légèrement et m'assois au pied du bâtiment, sur une souche d'arbre, à côté d'un petit abri de circonstance, recouvert de feuilles de palmier. Au coin nord-ouest de la maison, une lumière luit, signalant une présence mais je n'en tiens pas compte. Je ne fais de tort à personne. Ayant fini de grignoter quelques fruits séchés, des abricots du Lesotho, des dattes et des figues, je décide de monter sur le plateau pour avoir un meilleur aperçu de ce que je viens de parcourir, les lumières du camping de la prochaine plage balisant ce qu'il me reste à faire.
Tandis que j'ai les deux pieds vissés dans le sable, à mi hauteur, un Mozambicain vif et rapide, armé d'un poteau, de ceux qui servent aux fondations, me surprend en flagrant délit. Agressif, il me menace et a vraiment envie d'en découdre. S'il me frappe, vu le diamètre d'une dizaine de centimètres de l'objet de contusion qu'il brandit, je ne donne pas cher de mes chairs meurtries. Je m'excuse poliment en portugais et fais marche arrière. Il veut me tirer vers le haut et m'invite à le suivre. Il siffle bruyamment pour alerter d'autres personnes. J'hésite à lui tourner le dos car je ne veux pas prendre un coup sur la tête. Son attitude ne correspond pas du tout au tempérament des Mozambicains. Je ne sens pas de relent d'alcool bien que je ne cherche pas à l'approcher mais plutôt à m'en tenir à distance vu son niveau d'agressivité. Je réussis tant bien que mal à le laisser derrière et récupérer mes sacs sur la plage avant de continuer. La lune est presque pleine et il peut facilement me voir m'éloigner. Je file droit devant pour mettre de la distance avec le danger tandis qu'il doit être remonter mettre au courant et avertir ses compagnons de fortune.
Je marche rapidement depuis vingt minutes quand jetant un coup d'oeil par-dessus mon épaule droite, je remarque une puissante lumière qui s'agite. Ils doivent me chercher dans les taillis et les fourrés avoisinants le long du cordon de dunes parallèles au littoral. Quelque chose me dit que je ne dois pas traîner. Je commence ma quatrième heure de marche avec deux sacs, l'un sur le dos d'à peine 10 kilos et l'autre à la main de même poids. Je me retourne plusieurs fois un peu plus tard pour prendre conscience que je suis suivi, certainement par le gars auquel j'ai fait face qui dispose d'une torche balayant le sable au fur et à mesure qu'il avance. Il ne doit pas être bien difficile de me suivre à la trace, la marée descendant, mes semelles s'imprimant dans le sable humide. Vu son gabarit et malgré ma fatigue, j'ai confiance et ne doute pas de faire preuve de plus de résistance et pouvoir le distancer. Tant que mes jambes me portent, je cours de temps en temps sur de courtes distances afin de le décourager et le perdre. La lumière pourtant ne me lâche pas. Au fur et à mesure que je progresse, la peur d'être rattrapé donnant des ailes, je conserve la même distance. Je sais que s'il n'abandonne pas son idée de me mettre la main dessus, de mauvaises raisons doivent l'habiter.
Je marche depuis près de quarante minutes et ne comprends pas son obsession sinon celle de me passer à tabac et me prendre mes effets. J'évalue la distance qu'il me reste à parcourir pour atteindre les lumières, synonymes de présence humaine et de protection. J'ai dépassé la moitié du chemin et je suis toujours suivi. J'évalue la possibilité de les atteindre et y trouver refuge avant qu'il ne me rattrape mais rien n'est certain estimant mes chances à 50/50. Je souffle un peu lorsque je n'aperçois plus le faisceau lumineux mais je ne me permets aucun temps de repos fuyant à la poursuite des lueurs d'espoir que j'entrevois toujours au loin. Un vent de panique souffle lorsque la lumière réapparaît dans mon dos, légèrement plus proche, ce qui signifie que j'ai perdu du terrain. Je pense à tirer mon couteau du sac et marcher avec, coincé dans la bouche ou dans la main, mais je ne sais pas exactement où il se trouve et ne peux pas permettre de le chercher. J'hésite en fait car je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Je me sens pourtant menacé et désarmé devant l'opiniâtreté de mes agresseurs car ils sont plusieurs, au nombre de deux minimum. La lumière blanche puissante que j'avais du mal à semer est en fait celle d'une torche plus celle de phares d'un tracteur de jardin. Je comprends maintenant pourquoi j'avais du mal à les laisser derrière. Ils se sont donnés les moyens, preuve qu'ils en veulent à ma peau. L'idée d'aller m'allonger sur la dune caché par le peu de végétation m'effleure mais je n'ai finalement rien à me reprocher et ne suis coupable de rien d'autant plus que mes pas dans le sable risquent de leur révéler l'endroit où je suis. Je suis dans de sales draps.
Il me manque 500 mètres pour arriver à mon but quand le tracteur me dépasse sur la droite. Je joue le jeu et le hèle lui demandant de m'emmener. Il pique directement dans ma direction. Le chauffeur, un gars costaud à la peau claire de descendance portugaise, la cinquantaine, une barbe taillée à la musulmane, le ventre proéminent, décrit un arc de cercle et s'arrête me bloquant le passage, les passagers au nombre trois dont sa femme probablement et son "chien de garde", se déploient pour m'empêcher de continuer. Je ne tente rien car je n'ai visiblement aucune chance de m'échapper. L'heure est aux négociations. D'une poignée de main ferme, le barbu me tient un bras et l'autre main, le poing replié, s'apprête à me frapper. Je modère tant bien que mal son ardeur et essaye de l'assagir. Il est passablement énervé et me reproche d'avoir insulté son gardien, ce qui est totalement une aberration puisque je l'ai traité correctement. De sa main libre, me tenant toujours de l'autre mais s'étant ravisé, il agrippe mon sac à dos qu'il souhaite que je lâche. Je reste ferme. Il s'intéresse à mon sac plastique que je tiens toujours à la main et me demande ce qu'il contient. Ma réponse en anglais puisqu'il me demande dans cette langue qu'il parle bien "Des denrées diverses prêtes à consommer et ma bouteille de thé" le satisfait. Je ne doute pas un seul instant qu'ils soient intéressés par leur contenu et veuillent me voler. Je réfléchis rapidement. J'ai habituellement mon appareil photo + mon chargeur + mon disque dur externe (avec les photos de mon voyage) dans une pochette dans mon sac à dos mais elle se trouve justement dans le sac avec la nourriture. Je peux donc lâcher si l'affaire se gâte, le sac à dos, qui de toute façon retient plus leur attention et filer avec le reste.

Devant ma résolution à ne pas rien lâcher, le chauffeur exige mon passeport. Bien que cela soit faux, je lui affirme que je l'ai déposé au bureau de l'immigration à Maxixe et que je dois être de retour pour le récupérer après demain. Il insiste mais je ne démords pas de ce que je lui ai raconté. Avec la nuit, heureusement qu'ils ne peuvent deviner la forme de ma banane sous mon short noir qui contient toutes mes valeurs. Je campe sur mes positions, résolu et ferme, les deux pieds bien ancrés dans le sable. Je lui demande son nom et lui donne le mien. Je cherche à l'apaiser par tous les moyens et y parviens partiellement. Son courroux diminue d'intensité. Il finit par desserrer son étreinte et me lâcher le bras au bout d'une demi-heure d'une tension inimaginable à ce point que l'histoire aurait pu déraper si j'avais eu le couteau sorti. Il me signifie de ne plus jamais remettre les pieds sur cette plage et me tournant le dos, sa femme n'a pas ouvert la bouche, d'un signe complice de la tête, donne permission à son chien de garde de faire ce qu'il veut. Lui, qui n'attend que de me réduire en pièces, s'approche, me fait face et d'un bras tendu, me porte un violent coup au cou. Il change de bras et m'assène un second coup de l'autre côté du cou. Voyant que je ne bronche pas et que les coups ne m'ont pas ébranlé, il part rejoindre son maître et enfourche à son tour le tracteur. Les voilà qu'ils quittent à ma grande satisfaction. Je suis heureux d'être encore entier et de posséder la totalité de mes effets. Je chemine jusqu'au site de camping pour y passer la nuit à même le sol dans le restaurant.

Le lendemain, un peu plus loin, une dizaine de kilomètres plus au sud, je longe sur la plage un complexe hôtelier immense et raconte à Fanie, le responsable, mon odyssée. Il téléphone à la police où il a un contact. Je lui raconte que je n'ai pas envie d'aller porter plainte et gâcher ma journée pour autant et décide de continuer vers Paindane distante de 3.9 km (vérifié avec le GPS tout puissant d'un touriste immatriculé GP pour Gauteng (Johannesbourg), impressionnant cette précision dans des endroits qui ne sont même pas répertoriés sur la carte du Mozambique).

Après avoir déjeuné, deux jeunes employés d'une paillote sur la plage vraiment sympa m'offrent de l'eau chaude et deux pains qu'ils ne consommeront pas car le mardi est jour de fermeture. Avant d'atteindre Lagogo, ayant dépassé "l'île au rocher" (Island rock), j'aborde Hannes en train de remonter son pick-up pour le garer plus haut au fur et à mesure que la marée monte. Je lui confie ma mésaventure et il décide d'annuler son après-midi au bord de la plage avec Luisa, sa femme, assise à l'ombre de la voiture, faire demi tour, m'offrir une douche et une tasse de café avec un fond de casserole de macaroni et m'emmener pour me déposer au poste de police de Jangamo distant de 20 km. La piste est seulement accessible en 4 x 4. A la retraite, il est d'une bonhomie exemplaire et vit depuis dix ans dans son complexe hôtelier qui respecte bien l'environnement et est à peine visible depuis la plage tellement les cases paraissent enfoncées dans les dunes et dépassées par la végétation. Hannes dispose d'un site www.islanrock.co.za mis en place par sa fille E-mail : info@islandrock.co.za Réservations (027) 763007626 et son contact au Mozambique (258) 84-398-3550 ou (258) 29356242. Hannes est le plus intéressant des Sud-africains rencontré depuis Tofo et peut venir vous chercher à l'aéroport d'Inhambane (vol depuis Maputo) distant de 60 km (20 km de piste sablonneuse + approx. 40 km goudron). Quand vous quittez la route Maputo-Maxixe (29 km avant Maxixe), il suffit de continuer un kilomètre après avoir tourné pour apercevoir le panneau très coloré "Islandrock" qui indique la direction à suivre. Il organise des safaris dans le bush pendant 5/6 jours (3 repas/jour + bar en soirée, il est nécessaire d'avoir son 4 x 4, groupe de 12 personnes minimum jusqu'à 20 maximum, 3500/3700 Rands/pers.). 65 espèces d'oiseaux ont été répertoriées autour de son établissement et dans la région.
N.B : Un service qui peut faire la différence et être intéressant si vous n'êtes pas motorisé : il peut vous emmener là où vous le souhaitez pour une somme forfaitaire de 5 Rands/km sur les routes goudronnées et 7 Rands/km sur les pistes (maximum de 4 personnes). Si vous souhaitez aller à Vilanculos, il peut vous emmener aller-retour et vous guider, seul son hébergement et sa nourriture sont à votre charge (+ frais kilométriques).

Manica, splendide petite bourgade dans un cadre montagneux exceptionnel, à côté de la frontière du Zimbabwe est la porte d'entrée vers les monts Chimanimani plus au sud et les peintures rupestres de Chinamapere (valent le détour mais je ne suis pas certain qu'il soit possible de les trouver sans être guidé). De l'autre côté du site rupestre, lorsque j'ai voulu redescendre en passant sur l'autre versant, trois vieux hommes de grande taille, agenouillés, les fesses relevées, la tête abaissée et le front touchant la base du rocher, sont en prière. Qu'il s'agisse d'oraisons ou d'incantations, récitées puis chantées, j'assiste pendant une vingtaine de minutes, à une mélodie douce et harmonieuse, agréable à l'oreille. Je décide soudainement de me retirer et passer mon chemin ne voulant pas être surpris en flagrant délit de voyeurisme et ne connaissant pas la susceptibilité des fidèles de ce culte animiste. L'intrusion d'une "peau blanche" peut amener les participants à reconsidérer leur acte de dévotion et peut-être mal vécue. Je fais un petit détour pour les éviter et aller jusqu'au dernier rocher, véritable promontoire avec une vue sur Manica et les montagnes avoisinantes. Les branches sèches et les feuilles ont beau craquer sous mes chaussures, les supplicants concentrés demeurent de marbre (ou de bois) se fondant dans le paysage. Si je n'avais pas prêté l'oreille aux chants émanant du trio comparable à des bois morts écrasés par la chute du rocher adoré, je serai passé à côté d'eux sans les apercevoir. Quand je redescends et retrouve la vallée, je me retourne et contemple le rocher magique séant au sommet d'une petite colline élancée toute en hauteur comme un petit autel établi crée pour élever et démarquer du sol ces objets naturels de concentration favorables à ce genre de culte des pierres. A la regarder, elle dégage quelque chose de particulier, une sorte d'énergie indescriptible, très différente de ses voisines beaucoup plus massives dont la base est plus rattachée à l'élément Terre, cette dernière visiblement plus proche de l'élément Ciel et du spirituel.



4 jours de festival à Chimoio: Je rejoins l'enceinte où se donnent en spectacle les différentes délégations provinciales et assiste à la danse de Mapico, typique du nord et de la province de Cabo Delgado.



Le danseur masqué, habillé d'un justaucorps de couleur sombre, porte des couches et évolue sur la scène entouré des musiciens qui l'accompagnent. En fin d'après-midi, je quitte à regret Manica, qui a beaucoup plus à offrir que Chimoio. Ces deux endroits peuvent être froid durant l'hiver (juillet / août chez nous) avec du vent et de la pluie caractéristiques de zones plus élevées. Un défilé de mode est annulé pour cause d'intempéries. Malgré le mauvais temps, les concerts donnés sur la scène principale sur le stade s'arrêtent une fois passés les 2h du matin. Des groupes montent en scène peu habillés, l'un d'eux du Cabo Delgado dont les musiciens sont nus comme des vers blancs car enduits de poudre de manioc délayé dans de l'eau, jouent d'instruments modernes, des guitares électriques, et s'expriment en portugais. Il faut du courage pour rester et assister aux spectacles, vu que je suis en short et en T-shirt, les Africains dans l'assistance plus prévoyants étant vêtus plus chaudement, mais le déplacement en valait la peine. Qui a la chance d'assister à un tel festival en garde des souvenirs mémorables. Je ne sors pas l'appareil photo même quand Samora Machel fait une apparition pour un court discours dont il a le secret, à la grande surprise de ceux, qui imbibés, ne font pas la différence entre la réalité et l'illusion. Les demandes pour une photo souvenir en compagnie de l'homme d'état, un monument national, sont nombreuses et pressantes. Je tire mon chapeau à tous ces artistes qui, sous un crachin continu venu avec une vague de froid, au beau milieu d'une nuit d'hiver austral, sont monté sur scène n'hésitant pas à se déshabiller pour partager leur musique et leur foi en la culture mozambicaine.