Un globe-trotter Cauchois au pays de Khadafi (1991).
Par Benoit Grieu, :: Lybie :: #4 :: rss
120 000 km soit 3 fois le tour de la terre, c'est la distance parcourue en 1991 par Benoît Grieu au cours de ses périples à travers le monde. En ce début d'année, le globe-trotter yébleronnais revient du Canada où il a fêté l'an nouveau après avoir passé Noël au Mexique. Mais avant ce nouveau voyage outre-Atlantique, il s'est rendu en libye, un état qui depuis 1990, a ouvert plus largement ses frontiéres. On y rencontre ainsi nombre de travailleurs étrangers venus des pays africains voisins beaucoup moins riches car ne disposant pas de la même mane pétrolière.
Chacun pour soi... Pour se rendre dans ce pays mis régulièrement au ban des accusés sur la scéne internationale, notamment à propos d'attentats commis sur des avions français et américains, Benoît Grieu a traversé l'Espagne, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie: "Les principes du Coran servent de base à la législation de la société libyenne. Le pouvoir populaire direct est la base du systéme politique". "L'autorité appartient au peuple et à nul autre que lui" proclame-t-on dansce pays que dirige le colonel Khadafi. "Avec l'entraînement militaire général, la population est armée" poursuit Benoît Grieu. Cela peut permettre d'éviter des agressions ou autres. Dans les pays limitrophes, en Tunisie et en Algérie, on m'avait mis en garde. Se sentir libre et maître de ses besoins peut entraîner chez les Libyens des excès. C'est ainsi que l'éventuel acquéreur de votre véhicule, si vous le vendez, peut s'enfuir avec en l'essayant. Il y apposera ensuite ses propres plaques d'immatriculation. Au plan économique, le système est au partenariat et les salaires n'existent pratiquement pas. On partage..."
Une cabane de chantier Contrairement à l'image que donne le gouvernement libyen, les frontières ne sont pas sévèrement gardées: "Il n'y apasou peu decontroles douaniers. Ce sera la police tunisienne qui me demandera si j'ai mon visa libyen, sinon impossible de quitter la Tunisie. Lorsque j'ai franchi la frontière libyenne, je ne voyais personne. J'ai avancé doucement ma voiture jusqu'à une barriére ouverte. Un homme en uniforme m'a alors interpellé. Je lui ai confié les papiers du véhicule et mon passeport que j'avais fait traduire en arabe". "Un bureau miteux et sale nous accueille, poursuit Benoît Grieu. Il n'y a qu'une chaise dans ce qui a tout d'une cabane de chantier. Pour moi, c'est du jamais vu à un poste frontière. Aprés avoir vainement cherché une feuille de papier, l'homme prend, malgré tout, mes coordonnées sur un bout de papier et s'assure de monautonomie financière. Que deviendront ses notes ? Roulées en boule sur le plancher ? Au fond de sa poche ? "
Le Hidjab "A Tripoli, je découvre une ville où domine le vert et le blanc, couleursque l'on retrouve sur les bilets de banque:attirante et attrayante, cette capitale est à l'image du pays. Des ruines et vestiges romains, puniques et grecs témoignent d'un riche passé. C'est aussi le cas à Leptis Magna, Sabrata ou Cyrène... On y trouve des pièces maitresses sculptées avec des corps humains surmontés de têtes d'animaux; des caractéristiques des mythologies égyptienne et grecque. La Libye est le point de rencontre de plusieurs cultures. Espagnols, Italiens et Turcs l'ont occupée. Aujourd'hui, c'est un pays essentiellement arabisant. En province, on ne voit pas les femmes. Elles portent le hidjab. Lorsque le Coran en parle, cela signifie le rideau à travers lequel les hommes s'adressent aux femmes du prophète afin d'éviter toute atteinte à la décence. Importé d'Iran ou d'Egypte, il est parfois imposé par un mari, un père, un frère ou l'ensemble de la famille. Il permet à la femme voilée de sortir dans la rue, mais certaines le portent aussi pour passer inaperçue. Il ne désigne pas une personne pieuse, bien que les islamistes l'imposent, se référant au Coran qui stipule que la femme ne doit se découvrir que les mains. Les Libyenneset les Algériennes respectant la tradition contrastent avec la coquetterie des Tunisiennes". Mais à Tripoli, le voile n'est pas toujours porté. L'atmosphère semble d'ailleurs plus détendue qu'en Algérie. A tel point qu'il m'est arrivé de confondre des Libyennes occidentalisées avec des Italiennes, les représentants de la péninsule étant nombreux en Libye.
Sur une jante. Dans ce pays, subsiste notamment "la piste des Italiens" que j'ai parcourue. C'est une ancienne route caravanière de l'époque coloniale. Elle est inusitée depuis, mais peut servir à la contrebande. Aubout de 110 km, je découvre un aérodrome militaire désuet au milieu duquel se trouve un puits vide. Ma carte ne m'est d'aucune utilité. J'ai alors cent litres d'essence en réserve, trente litres d'eau et un mauvais pneu de secours. Après une nuit passée à 190 km dans un désert où rien ne se dessine à l'horizon, une roue crève quarante kilomètres plus loin. Celle de secours tiendra soixante-dix kilomètres. Ce sera ensuite cent quarante kilomètres sur la jante, en seconde, à travers la montagne et des pistes parsemées de cailloux. J'avais le choix de continuer à rouler encore quatre-vingts kilomètres ou de partir à pied. A soixante-dix kilomètres de la piste en goudron, quelqu'un m'a permis de réparer. Il m'a ensuite proposé de le suivre, mais il allait trop à l'est. Une nouvelle crevaison survenait vingt-cinq kilomètres plus loin. J'abandonnais alors le véhicule et cheminais toute la nuit. C'était la pleine lune et le spectacle était impressionnant et grandiose. Je marchais directement vers des lueurs. A l'aube, le muezzin et des aboiements finiront de me guider. Ce sera la ville d'Idri où un policier m'emmènera avec un 4x4 et trois roues de secours. Une nouvelle crevaison interviendra après avoir récupéré mon véhicule. Le paysage sablonneux était époustouflant de beauté. J'aurais parcouru cinq cent treize (513) kilomètres sur la piste. A mon arrivée: fouille au peigne fin. Seule une photo de femmes marocaines dansant, datant d'un précédent voyage, m'est confisquée. Un policier armé m'accompagne ensuite jusqu'à la préfecture éloignée de cent kilomètres. Papiers d'identité et véhicule me sont finalement rendus".
Refoulé Sur les routes libyennes, je serais arrêté et fouillé à plusieurs reprises : "la drogue, l'alcool et les magazines pornographiques étaient visés er recherchés. La police a essayé de me réquisitionner ma voiture. Les Peugeot sont très nombreuses en Libye. Cela a été éprouvant de se battre contre les autorités alors que je n'appartenais pas à une société étrangère travaillant en Libye. J'étais un touriste isolé. Mais il n'y a pas de force militaires importantes dans les rues. On a plutôt l'impression que ce sont des civils qui ont endossé des uniformes pour vous faire donner de l'argent. Sur la route du retour, je serais refoulé en Algérie à El Oued, fief islamiste. Il me faudra faire un détour de six cents kilomètres. J'emmène en auto-stop un vice-consul algérien pendant six cents kilomètres dont deux cent trente de piste : "avec un passeport diplomatique, pas de probléme à la frontière pour un vice-consul et son... chauffeur".
Une cabane de chantier Contrairement à l'image que donne le gouvernement libyen, les frontières ne sont pas sévèrement gardées: "Il n'y apasou peu decontroles douaniers. Ce sera la police tunisienne qui me demandera si j'ai mon visa libyen, sinon impossible de quitter la Tunisie. Lorsque j'ai franchi la frontière libyenne, je ne voyais personne. J'ai avancé doucement ma voiture jusqu'à une barriére ouverte. Un homme en uniforme m'a alors interpellé. Je lui ai confié les papiers du véhicule et mon passeport que j'avais fait traduire en arabe". "Un bureau miteux et sale nous accueille, poursuit Benoît Grieu. Il n'y a qu'une chaise dans ce qui a tout d'une cabane de chantier. Pour moi, c'est du jamais vu à un poste frontière. Aprés avoir vainement cherché une feuille de papier, l'homme prend, malgré tout, mes coordonnées sur un bout de papier et s'assure de monautonomie financière. Que deviendront ses notes ? Roulées en boule sur le plancher ? Au fond de sa poche ? "
Le Hidjab "A Tripoli, je découvre une ville où domine le vert et le blanc, couleursque l'on retrouve sur les bilets de banque:attirante et attrayante, cette capitale est à l'image du pays. Des ruines et vestiges romains, puniques et grecs témoignent d'un riche passé. C'est aussi le cas à Leptis Magna, Sabrata ou Cyrène... On y trouve des pièces maitresses sculptées avec des corps humains surmontés de têtes d'animaux; des caractéristiques des mythologies égyptienne et grecque. La Libye est le point de rencontre de plusieurs cultures. Espagnols, Italiens et Turcs l'ont occupée. Aujourd'hui, c'est un pays essentiellement arabisant. En province, on ne voit pas les femmes. Elles portent le hidjab. Lorsque le Coran en parle, cela signifie le rideau à travers lequel les hommes s'adressent aux femmes du prophète afin d'éviter toute atteinte à la décence. Importé d'Iran ou d'Egypte, il est parfois imposé par un mari, un père, un frère ou l'ensemble de la famille. Il permet à la femme voilée de sortir dans la rue, mais certaines le portent aussi pour passer inaperçue. Il ne désigne pas une personne pieuse, bien que les islamistes l'imposent, se référant au Coran qui stipule que la femme ne doit se découvrir que les mains. Les Libyenneset les Algériennes respectant la tradition contrastent avec la coquetterie des Tunisiennes". Mais à Tripoli, le voile n'est pas toujours porté. L'atmosphère semble d'ailleurs plus détendue qu'en Algérie. A tel point qu'il m'est arrivé de confondre des Libyennes occidentalisées avec des Italiennes, les représentants de la péninsule étant nombreux en Libye.
Sur une jante. Dans ce pays, subsiste notamment "la piste des Italiens" que j'ai parcourue. C'est une ancienne route caravanière de l'époque coloniale. Elle est inusitée depuis, mais peut servir à la contrebande. Aubout de 110 km, je découvre un aérodrome militaire désuet au milieu duquel se trouve un puits vide. Ma carte ne m'est d'aucune utilité. J'ai alors cent litres d'essence en réserve, trente litres d'eau et un mauvais pneu de secours. Après une nuit passée à 190 km dans un désert où rien ne se dessine à l'horizon, une roue crève quarante kilomètres plus loin. Celle de secours tiendra soixante-dix kilomètres. Ce sera ensuite cent quarante kilomètres sur la jante, en seconde, à travers la montagne et des pistes parsemées de cailloux. J'avais le choix de continuer à rouler encore quatre-vingts kilomètres ou de partir à pied. A soixante-dix kilomètres de la piste en goudron, quelqu'un m'a permis de réparer. Il m'a ensuite proposé de le suivre, mais il allait trop à l'est. Une nouvelle crevaison survenait vingt-cinq kilomètres plus loin. J'abandonnais alors le véhicule et cheminais toute la nuit. C'était la pleine lune et le spectacle était impressionnant et grandiose. Je marchais directement vers des lueurs. A l'aube, le muezzin et des aboiements finiront de me guider. Ce sera la ville d'Idri où un policier m'emmènera avec un 4x4 et trois roues de secours. Une nouvelle crevaison interviendra après avoir récupéré mon véhicule. Le paysage sablonneux était époustouflant de beauté. J'aurais parcouru cinq cent treize (513) kilomètres sur la piste. A mon arrivée: fouille au peigne fin. Seule une photo de femmes marocaines dansant, datant d'un précédent voyage, m'est confisquée. Un policier armé m'accompagne ensuite jusqu'à la préfecture éloignée de cent kilomètres. Papiers d'identité et véhicule me sont finalement rendus".
Refoulé Sur les routes libyennes, je serais arrêté et fouillé à plusieurs reprises : "la drogue, l'alcool et les magazines pornographiques étaient visés er recherchés. La police a essayé de me réquisitionner ma voiture. Les Peugeot sont très nombreuses en Libye. Cela a été éprouvant de se battre contre les autorités alors que je n'appartenais pas à une société étrangère travaillant en Libye. J'étais un touriste isolé. Mais il n'y a pas de force militaires importantes dans les rues. On a plutôt l'impression que ce sont des civils qui ont endossé des uniformes pour vous faire donner de l'argent. Sur la route du retour, je serais refoulé en Algérie à El Oued, fief islamiste. Il me faudra faire un détour de six cents kilomètres. J'emmène en auto-stop un vice-consul algérien pendant six cents kilomètres dont deux cent trente de piste : "avec un passeport diplomatique, pas de probléme à la frontière pour un vice-consul et son... chauffeur".